Deauville 2023 : on a vu Jude Law en roi monstrueux et les premières larmes du Festival

Deauville 2023 : jours 1 et 2 ! Retour sur le film d'ouverture et le coup d'envoi de la compétition, marqué par un drame bouleversant et un thriller déconseillé aux claustrophobes.

Et c’est parti pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023 ! Une 49ème édition forcément marquée par les remous qui agitent Hollywood et on notamment conduit Jude Law à annuler sa venue, alors qu’il devait recevoir un hommage lors de la cérémonie d’ouverture.

Comme Natalie Portman, Peter Dinklage et Joseph Gordon-Levitt, le comédien affiche son soutien à la grève des scénaristes et acteurs qui dure depuis plusieurs mois outre-Atlantique. Mais il s’est quand même illustré dans Le Jeu de la Reine, flamboyant film d’ouverture passé par la Compétition du dernier Festival de Cannes.

Retour sur ce long métrage, et les deux premiers candidats pour le Grand Prix, présenté en Compétition ce samedi 2 septembre.

LE JEU DE LA REINE

Premières – Film d’ouverture – Qui aurait un jour imaginé dire “Jude Law est répugnant” devant l’un de ses films ? C’est pourtant l’exploit réussi par Karim Aïnouz avec Le Jeu de la Reine. Et ça n’est pas sa seule qualité. Plus encore que dans Peter Pan et Wendy ou le méconnu Dom Hemingway, l’acteur anglais casse son image dans les oripeaux du Roi Henry VIII d’Angleterre.

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Un souverain dont il valait mieux ne pas être l’épouse, sous peine d’être répudiée ou décapitée, quand la maladie ne s’en mêlait pas. Les pronostics ne sont donc pas en faveur de Catherine Parr (Alicia Vikander), lorsqu’elle devient sa sixième femme. Mais…

Le Jeu de la reine

De
Karim Aïnouz

Avec
Alicia Vikander,
Jude Law,
Simon Russell Beale

Sortie le

28 février 2024

Loin de nous l’idée de spoiler, mais entre le titre français (très éloigné du Firebrand original) et le fait que les événements sont déjà racontés dans des livres d’Histoire, la destination compte finalement moins que le chemin empruntée pour y parvenir.

Une route pleine de bruit et de fureur, où la mise en scène naturaliste de Karim Aïnouz compense le classicisme du récit. Assis au fond de notre fauteuil, nous avons l’impression d’être au XVIè siècle et de sentir la saleté des lieux. Pas seulement celle qui s’écoule des blessures purulentes d’un Henry VIII qui suinte le vice et l’orgueil.

Face à un Jude Law monstrueux, dans tous les sens du terme, Alicia Vikander paraît plus en retrait, car moins dans la performance. A tort. Les différentes émotions par lesquelles passe son personnage la font gagner en puissance jusqu’au face-à-face final de ce film qui flirte parfois avec l’horreur, et rend hommage à cette femme qui a compté dans l’Histoire de l’Angleterre. Mauvaise nouvelle : il faudra patienter jusqu’au 28 février pour le découvrir en salles.

PAST LIVES

Compétition – Il faudra aussi attendre un peu avant de voir Past Lives au cinéma. Mais moins, car le premier long métrage de Celine Song sortira chez nous le 13 décembre. Peut-être auréolé d’un prix reçu à Deauville, à l’issue d’une Compétition dont il a lancé les hostilités. Avec succès, car les joues humides des spectateurs, à la fin de la projection, n’avaient rien à voir avec la pluie qui arrosait la Normandie.

Il n’est pourtant si facile que cela d’écrire sur un tel film, qui brille avant tout par sa simplicité désarmante. Pas d’esbroufe visuelle ou narrative (malgré un récit en trois temps, séparés par douze années chacun) dans cette histoire personnelle que la réalisatrice sait rendre universelle.

Past Lives – Nos vies d’avant

De
Celine Song

Avec
Greta Lee,
Yoo Teo,
John Magaro

Sortie le

13 décembre 2023

Amis d’enfance et amoureux platoniques séparés par la vie lorsque Nora (Greta Lee) a quitté leur Corée natale pour le continent américain, les deux personnages se retrouvent dans la vingtaine puis la trentaine. A travers eux, Celine Song se questionne (et nous avec) sur les vies antérieures, le destin, les occasions manquées et ce qui aurait pu être.

Sans amertume ni regrets, mais avec beaucoup de douceur. Un rythme lent mais pas ennuyeux alors que l’ombre d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind plane (un peu trop ?) sur ce film qui rappelle également In the Mood for Love. Et deux interprètes pour lesquels on se prend vite d’affection. Tout simplement bouleversant.

I.S.S.

Compétition – Que se passerait-il dans la Station Spatiale Internationale, symbole de l’entente entre les États-Unis et la Russie depuis la fin de la Guerre Froide, si les deux pays entraient en conflit sur Terre ? C’est le point de départ, digne d’une série B des années 80 mais pas si difficile que cela à imaginer aujourd’hui, d’I.S.S., deuxième film de la Compétition.

Et le quatrième réalisé par Gabriela Cowperthwaite, jusqu’ici spécialisée dans les documentaires et histoires tirées de faits réels, comme elle l’a rappelé en préambule de la projection dans une vidéo de présentation. Elle décolle ici pour un futur proche, avec un beau casting où se croisent l’oscarisée Ariana DeBose, Pilou Asbaek et Chris Messina en apesanteur.

I.S.S.

De
Gabriela Cowperthwaite

Avec
Ariana DeBose,
Chris Messina,
Pilou Asbæk

Un voyage qui semble bien se passer jusqu’à ce que la Terre ne s’embrase sous leurs yeux, et que les Américains reçoivent un message leur demandant de prendre le contrôle de la station. La réalisation ayant choisi de ne pas nous montrer ce qui a été dit à leurs homologues, la tension et la paranoïa s’installent.

Mais, à l’image de sa musique et ses dialogues sur-signifiants, ou de ce plan beaucoup trop symbolique sur des rats de laboratoire en apesanteur dans leur cage, I.S.S. manque de nuances et devient vite manichéen, allant à l’encontre de l’étude des caractères humains dans une situation extrême voulue par sa cinéaste.

Le 49ème Festival du Cinéma Américain de Deauville se déroule du 1er au 10 septembre.