Election présidentielle en Turquie : que peut changer (ou pas) le nouveau mandat de Recep Tayyip Erdogan dans les relations internationales ?

Cinq ans de plus. Après deux décennies au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan a été réélu président de la Turquie, dimanche 28 mai. Le chef de l’Etat sortant, âgé de 69 ans, a remporté le second tour du scrutin avec près de 52,16% des suffrages sur la quasi-totalité des bulletins dépouillés (99,85%), selon l’agence officielle Anadolu, devançant largement son adversaire de centre-gauche Kemal Kiliçdaroglu (47,84%). Un résultat qui était scruté par les capitales étrangères, tant la Turquie joue un rôle crucial dans la géopolitique régionale. “Une des réussites d’Erdogan est d’avoir réussi à faire à nouveau de son pays un acteur des relations internationales, et non pas un objet qui suivrait les orientations fixées par l’Occident”, souligne Jana Jabbour, politologue et enseignante à Sciences Po Paris.

Emmanuel Macron a été un des premiers dirigeants européens à adresser publiquement des félicitations à l’homme fort de Turquie, en estimant que leurs deux pays avaient “d’immenses défis à relever ensemble”. Le président russe a déclaré que la victoire de Recep Tayyip Erdogan était une “preuve évidente” du soutien de la population à sa politique. “J’ai hâte de continuer à travailler ensemble en tant qu’alliés au sein de l’Otan sur des questions bilatérales et des défis mondiaux”, a tweeté, pour sa part, le président américain Joe Biden.

Sous l’égide du leader du parti islamo-conservateur AKP, Ankara a su renforcer son influence au Proche-Orient. “La diminution de la présence américaine, l’absence de politique européenne dans cette zone, les dissensions entre la France et l’Italie sur la Libye… Ce sont autant d’opportunités qui ont permis à la Turquie de prendre une place stratégique dans la région”, analyse Ahmet Insel, politologue et ancien professeur à l’université de Galatasaray. Un rôle que Recep Tayyip Erdogan compte bien renforcer durant ce nouveau mandat.

Vers la poursuite d’une stratégie multilatérale

Au lendemain de l’élection, Jana Jabbour ne s’attend pas à des “inflexions majeures” de la position turque. “Même si l’opposition l’avait emporté, la politique étrangère des Etats est liée à leurs intérêts et dépasse largement le cadre du gouvernement en place”, approuve Didier Billion, directeur adjoint de l’Iris. Le nationaliste turc devrait ainsi “continuer à s’inscrire dans la stratégie multilatérale de ces dernières années”, qui lui a permis de développer les contacts avec la Chine ou d’entamer une réconciliation avec certains pays du Proche-Orient.

“Fin 2021, il a montré une volonté de normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Israël. Pour répondre à la crise économique en Turquie, il cherche à attirer les investissements des pays du Golfe.”

Jana Jabbour, enseignante à Sciences Po Paris

à franceinfo

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