Vermines : avez-vous compris le message du film ? On vous explique la fin !

Actuellement dans nos salles obscures, "Vermines" n'est pas qu'un film de genre. Le long métrage de Sébastien Vaniček comporte un sous-texte politique. Le réalisateur le commente à notre micro et nosu explique la fin de son film d'araignées.

Vermines de Sébastien Vaniček est actuellement en salles. Tourné avec de véritables araignées afin de rendre le film plus réaliste, ce thriller porté par Théo Christine, Finnegan Oldfield, Jérôme Niel, Sofia Lesaffre et Lisa Nyarko se déroule dans un immeuble de Noisy-Le-Grand. Kaleb, passionné d’animaux exotiques, rentre un jour chez lui avec une araignée venimeuse et la laisse accidentellement s’échapper. Les habitants vont alors devoir se battre pour leur survie.

Premier film français avec des araignées, le long métrage a un parti pris qui devrait étonner les spectateurs. Loin de diaboliser les arthropodes, Vermines tente en effet de faire comprendre que, malgré leur aspect peu attirant, les araignées ne sont pas les bestioles affreuses et sanguinaires qu’on nous décrit dans les films depuis de nombreuses années. Un film très métaphorique.

Vermines

Sortie :

27 décembre 2023

|
1h 45min

De
Sébastien Vaniček

Avec
Théo Christine,
Sofia Lesaffre,
Jérôme Niel

Presse
3,6

Spectateurs
3,8

Séances (282)

Lors de notre rencontre avec le metteur en scène ce dernier nous confiait d’ailleurs : “Il y a un propos profondément animaliste dans la protection animale dans ce film. Ça me tenait vraiment à cœur que les araignées soient bien traitées avant, pendant et après le tournage. On a été très vigilants là-dessus.

Ça impliquait des méthodes de travail un peu particulières. Une araignée peut tourner 20 secondes au final. Après, elle est fatiguée et il faut en changer. On en avait donc 200-250 sur le tournage puisqu’on les respectait vraiment. Dès qu’elles étaient fatiguées, on les remettait dans le vivarium, au chaud, pour reprendre des forces.”

La peur des araignées : un phénomène culturel ?

Christine Rollard, arachnologiste et enseignante-chercheuse au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, nous confie d’ailleurs que les araignées sont, dans la grande majorité des cas, inoffensives pour l’homme.

Les araignées mortelles pour l’homme n’existent pas. Il y a certes quelques cas de décès liés à des morsures d’araignées mais ils ne sont pas liés au venin mais à des infections voire des surinfections à l’endroit de la morsure ou il s’agit de personnes fragiles qui n’ont pas été traitées à temps.”

L’experte ajoute : “Le nombre de cas chaque année se situe entre 0 et 15. On est sur les mêmes proportions que pour les attaques de requins et des films comme Les dents de la mer ont donné une très mauvaise image des requins comme c’est le cas avec les araignées.”

Et justement, si de prime abord on peut penser que Vermines a pour but de diaboliser les araignées, c’est en réalité tout l’inverse.

Le réalisateur Sébastien Vaniček explique la genèse du projet dans le dossier de presse du film : “J’ai repensé à ces années de galère, à réaliser des courts que l’on ne voyait pas car il me manquait les contacts, les bonnes adresses… Ce sentiment de ne pas aller où l’on souhaite. Ce que les médias appellent le « syndrome du banlieusard » existe et je l’ai vécu. J’ai élargi ma réflexion autour du délit de faciès, sujet qui me touche beaucoup, et qui s’est incarné avec l’image de l’araignée.

Elle existe et se balade un peu partout chez nous, mais on ne veut pas la voir donc on l’écrase immédiatement. La symbolique de la xénophobie, de l’intolérance, elle était là. Tout le monde étant traité comme de la vermine dans ce parallèle métaphorique.”

L’araignée comme métaphore du banlieusard

Interrogé à ce sujet lors de notre rencontre, le cinéaste développe son propos et nous explique pourquoi il a souhaité aborder cette thématique en prenant la métaphore de l’araignée :  “Le film de banlieue est presque devenu un genre en France. Je voulais m’en détacher parce que la banlieue que je connais, celle dans laquelle j’ai grandi, je ne l’avais pas encore vue à l’écran et j’avais envie de la filmer. La banlieue est parfois beaucoup plus positive que celle que j’ai vue à l’écran. Après, c’est parce que je n’ai sans doute pas la même histoire que les autres réalisateurs. Chacun montre ce qu’il a vécu.

Mais je voulais surtout montrer le regard extérieur sur la banlieue et la façon de traiter le banlieusard. Quand je parle de mes difficultés, c’était beaucoup de frustration de ne pas réussir à faire le métier que je voulais faire, parce que je n’étais pas considéré, parce que rien ne me prédestinait à aller dans cette direction.

En élargissant on se rend compte que c’est la même chose pour beaucoup de gens. On nous étiquette très vite et on nous met dans des boîtes, comme Kaleb le fait d’ailleurs avec l’araignée au début.

Et l’araignée est évidemment le meilleur moyen de parler de ça puisque oui, quand on la voit dans son salon, on la veut dehors très vite ou pire, on veut la tuer. Donc le film traite vraiment ce sujet de manière divertissante. Je trouve que c’est génial de pouvoir vivre une expérience de cinéma, avoir peur, avoir les larmes aux yeux, de vivre plein d’émotions et de se dire qu’en plus le film fait réfléchir. C’est un sous-texte, j’ai voulu que le propos soit bien disséminé. Si on perçoit, c’est cool, sinon, on passe quand même un bon moment.”

Attention, la suite de cet article contient des spoilers sur la fin de Vermines.

Que signifie la fin de Vermines ?

Maintenant que vous avez le sous-texte du film, il est plus facile d’expliquer la fin de Vermines. Lors de la séquence finale, Kaleb doit sortir de la voiture afin d’ouvrir la porte du parking, dernier obstacle vers la liberté. Ce dernier fait alors face à une énorme araignée. Mais au lieu de tenter de la tuer, Kaleb demande à sa sœur d’éteindre les phares de la voiture, permettant ainsi à l’aranéide de fuir.

Sébastien Vaniček commente la fin de son film à notre micro : “Je tenais à filmer la fin comme un western. C’est un film qui traite beaucoup de la violence, que ce soit la violence verbale ou au contraire la violence dûe à l’absence de mots.

Il y a beaucoup de non-dits dans le film. Que ce soit les deux amis qui n’arrivent plus à se parler, un frère et une sœur qui n’arrivent plus à communiquer, un groupe de jeunes face aux forces de l’ordre… C’est au centre du film et je pense que j’ai voulu filmer cette scène de face à face comme un western parce que selon moi ce sont les scènes les plus violentes du cinéma.

On s’attend à voir quelqu’un tirer, on ne sait pas qui va tirer en premier, il y aura un mort. Et en fait, ce n’est pas du tout ce qui se passe parce qu’on est au stade du film où Kaleb a compris, il a évolué et est arrivé au bout. L’araignée, elle, n’attend qu’une chose, c’est de voir le mouvement qui est en face pour savoir si c’est un prédateur ou pas. Elle ne le voit pas comme une proie. Kaleb fait un pas vers l’araignée pour la laisser partir et non pas la tuer ou l’écraser avec la voiture.

On se rend compte ainsi, que quand on est un tout petit peu plus attentif à ce qu’ on a en face de nous, on est moins enclin à être violent. Donc, voilà le message. Je me dis que si les gens communiquaient un tout petit peu plus, peut-être qu’il y aurait moins de violence”.

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Vermines est à voir actuellement au cinéma.