Inchallah un fils : pépite au Red Sea Film Festival de Djeddah
Alors que le festival de la Mer Rouge en Arabie saoudite bat son plein, le premier film de D’Amjad Al Rasheed nous plonge dans les affres de la condition féminine en Jordanie et fait déjà sensation.
Depuis le 30 novembre, les 17 films en compétition se dévoilent au fur et à mesure du Red Sea International Film Festival, qui met à l’honneur le cinéma d’Asie, d’Afrique et du monde arabe. À en croire les réactions des festivaliers, la sensibilité de Inchallah un fils, le premier film du Jordanien d’Amjad Al Rasheed a soulevé l’enthousiasme à Djeddah, dont le nôtre ! Le film met en scène Nawal, une Jordanienne de 30 ans, interprétée par Mouna Hawa, qui perd subitement son mari. Victime des lois en vigueur dans le pays, elle doit se battre pour sa part d’héritage, afin de sauver sa fille et sa maison dans une société où avoir un fils aurait changé la donne.
Périple fou
Soutenue par le Red Sea Fund et sélectionnée pour représenter la Jordanie aux Oscars, la coproduction franco-jordano-saoudienne a commencé son périple fou en remportant le prix de la Fondation Gan à la Semaine de la Critique à Cannes. Depuis, le film a été diffusé — et souvent récompensé — dans une vingtaine d’événements en France et une cinquantaine à l’international, du BFI de Londres au Festival de Toronto en passant par la Semaine du cinéma de Jakarta (prix du public), le Camerimage en Pologne (prix du meilleur premier film) ou encore le Festival du film arabe de Rotterdam (prix du jury et prix de la meilleure actrice). Mouna Hawa a même remporté les prix d’interprétations au Asia Pacific Screen Award en Australie et au Festival du film de Thessalonique (Grèce). Un parcours hors du commun.
Résister sans arme
Nourri des conversations de femmes qu’il entendait dans son enfance, le réalisateur s’est inspiré d’une histoire vraie dont il a été témoin. Sa sensibilité lui permet de livrer un film délicat qui témoigne, sans sensationnalisme mais avec profondeur, d’une société où la femme tente, tout simplement, d’exister. On assiste au parcours de Nawal qui résiste sans arme mais avec détermination pour sauver sa peau et celle de sa fille. La salle rit lorsqu’elle reconnaît des scènes de vie quotidiennes absurdes, applaudit lorsque l’héroïne, victime de harcèlements de rue répétés, ose se révolter ou frissonne face à son désarroi. Le film bouleverse, et si le jury présidé par Baz Luhrmann y est aussi sensible, Inchallah un fils pourrait bien avoir sa place dans le palmarès du festival saoudien qui sera dévoilé ce samedi 9 décembre. Et sera sur les écrans français le 6 mars prochain.